Le directeur et chef d’orchestre présente sa première saison à Favart. Entre musique et théâtre, l’Opéra-Comique fait venir de très beaux noms d’artistes. 

Première saison pensée et conçue par Louis Langrée, la programmation de l’Opéra Comique promet éclat et continuité sur le plateau de la salle Favart. A la conférence de presse de ce matin, le directeur a insisté sur la nature du genre opéra-comique, dont il a rappelé la vocation de « parler-chanter » qu’il souhaite affirmer dans sa programmation. D’une part, en invitant des metteurs en scène de théâtre à offrir leurs visions de classiques du patrimoine de l’opéra-comique : Richard Brunel ouvre la danse en septembre en mettant en scène un « blockbuster », La fille de Madame Angot. Le directeur de l’Opéra de Lyon, dont on a pu apprécier récemment l’approche de Mélisande avec Judith Chemla, aura donc pour mission de faire vivre la verve de Charles Lecoq, héritier d’Offenbach, amateur de la comédie drolatique, dans un Paris révolutionnaire. 

Lui répondra en décembre l’incontournable Thomas Jolly, qui s’empare de la pièce la plus romantique, nous dit Louis Langrée, et l’une des plus mal-aimées du maître Offenbach, Fantasio. Nul doute que le baroque de Jolly, et la virtuosité d’Offenbach devaient se rencontrer un jour ou l’autre, autour du héros qui rêve de devenir fou du roi…ET l’on rêve déjà du fameux « air des fous » tel qu’il sera réinventé par Thomas Jolly. C’est d’ailleurs une saison Jolly à bien des égards, puisqu’on retrouvera le Macbeth de Dusapin, qu’il a mis en scène à la Monnaie de Bruxelles il y a trois ans, et qui n’avait pu être monté à Favart, pour cause de covid. Ce sera donc ce spectacle sombre et profond, aux décors inouïs, qui nous mène dans le château du meurtre. Œuvre qui s’avère d’un point de vue théâtral et musical, l’un des opéras les plus saisissants de Pascal Dusapin. Le contemporain s’exprimera aussi par l’œuvre de Ravel, décidémment mis à l’honneur lors de cette saison. Alors qu’hier nous apprenions qu’une nouvelle production de L’Enfant et les sortilèges serait présenté à l’Opéra de Paris à l’automne prochain, ce sera L’Heure espagnole que dirigera Louis Langrée, dans une mise en scène très attendue de Guillaume Gallienne, à l’Opéra-Comique. Couplé avec le ballet Pulcinella de Stravinski de la chorégraphe Clairemarie Osta, ce premier opéra de Ravel qu’il préférait, nous raconta Louis Langrée, appeler « comédie musicale », fut créé en 1911 à l’Opéra-Comique. C’est donc un petit monument du répertoire que l’on aura l’occasion de voir dans cette nouvelle production. 

Schubert lyrique

L’autre vraie curiosité de cette nouvelle saison s’avère L’Autre Voyage, d’après Franz Schubert. L’idée est simple : Schubert a écrit un certain nombre d’opéras inachevés, qui ne sont jamais jouées. Comment leur redonner vie ? En créant sur scène une œuvre neuve : une fable insolite, récit d’un doppelgänger qui dissèque son propre corps. Raphaël Pichon, Silvia Costa, et en rôle-titre Stéphane Degout se lancent dans cette aventure de retracer l’existence de Schubert, de faire naître un personnage, porté par une musique si désirée, et rarement entendue. Louis Langrée a aussi présenté la nouvelle Académie de l’Opéra Comique qui permettra à de jeunes chanteurs, metteurs en scène et musiciens, d’être formés, et de participer aux différentes productions. Nous connaîtrons les noms en mai des heureux nominés, choisis parmi près de deux cents candidatures. Information non négligeable enfin : l’Opéra Comique a une insolente santé financière, notamment grâce au mécénat et à la présence du public. Fait rare aujourd’hui, dans nos temps de crises et d’inquiétude pour l’avenir.