Deux jours, neuf spectacles. Le WET°, organisé par les artistes du Jeune Théâtre en Région Centre, en complicité avec la direction du Centre Dramatique National de Tours, questionne l’héritage et la possibilité de se reconstruire avec humour, tendresse et effervescence.
C’est la septième édition du WET°, « l’âge de raison », sourit Jacques Vincey, directeur du Centre Dramatique de Tours, qui en a été à l’initiative. Sans être trop sage, cette édition promet d’être pleine de joie et de bienveillance. « Les mots repères sont plus ceux de la réparation et de la bienveillance que ceux du scandale et de la provocation, sans pour autant éviter les questionnements », souligne-t-il. Il s’agit donc de faire lien, entre soi et avec les spectateurs. Cette problématique est au cœur d’Amer/Amer de Jérôme Michez et Elza Rauchs, dans laquelle Jérôme attend qu’une spectatrice du public vienne le rejoindre pour être sa mère. Dans cette performance pleine de douceur, dont la spectatrice sera différente à chaque représentation, la nécessité du lien est grande. « On revient à ce qui nous rassemble, à cette difficulté d’être dans une famille, qu’elle soit génétique ou choisie », analyse Jacques Vincey. La famille est aussi prégnante dans L’île aux pères –ou pourquoi les pères sont-ils absents ou morts, de Liza Machover. Un spectacle qui se décline en deux parties, forme théâtrale puis performance, pour questionner le spectateur. Quelles sont les figures tutélaires pour ou contre lesquelles on se construit ? Les familles sont aussi celles que l’on se choisit. Ainsi, dans Dernier Amour, Hugues Jourdain imagine-t-il que trois amis, amoureusement déçus, décident de quitter définitivement la terre à bord d’un vaisseau spatial, accompagnés d’un robot qui s’appelle Roxane.
Enfin, les familles, ce sont aussi les mythologies. Elles sont au cœur de Sirènes, portée par trois actrices, performeuses et metteuses en scène, qui imaginent la réaction de la communauté scientifique face à l’apparition d’une vraie sirène tout en interrogeant les représentations de la femme que cette figure mythique incarne. En s’octroyant « la possibilité de rire de certaines représentations », souligne Jacques Vincey, admiratif des jeunes artistes qui choisissent « d’attraper les difficultés du côté de la joie, de la bonne humeur ». D’humour et de mythe, Les douze travelos d’Hercule de Drag Queen n’en manquera pas non plus. « C’est à la fois la finesse dans l’outrance et par ailleurs une joie dionysiaque qui fait du bien. Avec en creux évidemment l’engagement quant au genre et à la société hétéro patriarcale qui n’est pas non plus anodin », analyse notre interlocuteur. Ce dernier quittera la direction du CDN de Tours à la fin de la saison. Un artiste qui garde la même foi en la jeunesse et ses promesses. En témoignent aussi les Rencontres de la Jeune Création qui s’y dérouleront. L’opportunité pour artistes et programmateurs de débattre des créations des dix dernières années dans le domaine de l’émergence, en analysant leur réception et leur impact. Pour notamment ne plus séparer la réflexion sur les dispositifs d’accompagnement de la question esthétique.
Festival WET°, tremplin festif pour l’émergence et la jeune création, à Tours, du 24 au 26 mars.