La 42e édition de Montpellier Danse vient de dévoiler sa programmation, riche de créations, et tournée vers la Méditerranée.

Montpellier est une cité méditerranéenne où se mélangent les populations dans le centre-ville historique. Une cité jeune grâce à ses étudiants et portée par une dynamique culturelle dont la danse participe très activement, depuis ses débuts, il y a plus de quatre décennies. Le festival annuel Montpellier Danse porte l’étendard de la ville à travers le monde. Jean-Paul Montanari qui dirige le festival depuis 1983, donc presque depuis sa création, raconte comment le compteur des créations du festival a été quelque peu brouillé par les récentes perturbations dues à la pandémie. « C’est une édition un peu chaotique, mais je le revendique comme reflet du monde dans sa condition actuelle » dit-il. Monde où les processus de création et de diffusion ont été perturbés, justement pendant la période où se concevaient les spectacles montrés en 2022. Ce qui donne en effet l’impression d’un panorama un peu disparate. 

Mais la Méditerranée sera toujours là pour permettre à ce festival de s’appuyer sur des liens culturels tissés de longue date et riches sur le plan artistique comme humain. Il y a dix ans, la 32e édition était placée sous le thème « Le goût de la Méditerranée ». Et ces saveurs – que Montanari apprécie pour être né à Alger – n’ont jamais disparu des plateaux de son festival. Lequel reste un carrefour de deux hémisphères politiquement opposés, à savoir le Maghreb et Israël. Aussi, il n’est pas étonnant de le voir ouvrir avec la nouvelle production de Bouchra Ouizgen qui navigue entre son Maroc natal et la France, et présente sa nouvelle création, Eléphant, où elle associe de jeunes danseurs professionnels aux artistes avec lesquelles elle a créé ses spectacles précédents, à savoir des chanteuses-danseuses issues de la tradition populaire marocaine. 

Nouvelle création aussi pour Nacera Belaza qui ne cesse de s’inspirer, de manière spirituelle plutôt, de ses racines algériennes et se penche, dans L’affût, sur le corps en état de chute. Où il est question d’acceptation de l’inévitable, jusqu’à la mort. Mais elle présente aussi L’Onde et Le Cercle, créations un brin plus explicites sur la recherche d’une transe toute philosophique, par le jeu des nuances et le dialogue avec l’obscurité. Et même David Wampach, le Montpelliérain connu pour son esprit iconoclaste, dévoile sa filiation franco-algérienne et signe un duo ludique avec la chanteuse Dalila Khatir. Le titre : Algeria Alegria ! 

Dans l’histoire du festival, c’est Israël qui a le plus marqué son histoire et créé l’émotion, jusque dans la rue où la présence de compagnies de l’État hébreu a souvent donné lieu à des sit-in de militants propalestiniens demandant le boycott des produits et artistes du pays. À quoi Ohad Naharin répond à chaque fois que si cela pouvait aider les Palestiniens, il serait le premier à annuler ses spectacles. Et le voilà dans cette édition, avec 2019, où les danseurs évoluent sur des chansons et poèmes arabes et israéliens. Un geste symbolique et poétique parfaitement au diapason avec Montpellier Danse. 

42ème édition de Montpellier danse, du 17 juin au 3 juillet

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