Chaillot se relance, et la danse sort de la nuit. Ce fut d’ailleurs un trait d’esprit doux-amer que lança Didier Deschamps à Rachid Ouramdane, l’un directeur sortant de Chaillot, l’autre, entrant, lorsqu’il fit remarquer que le titre de son dernier spectacle, Franchir la nuit, crée avant le Covid, avait été douloureusement prémonitoire. Mais enfin, l’humeur n’était pas à la lamentation, mais bien à l’espoir et à la reprise lors de la présentation de cette nouvelle saison du Théâtre national de la Danse. Rachid Ouramdane, nommé ce printemps, invitait Didier Deschamps à présenter cette programmation, sa dernière, d’une manière aussi détendue que fraternelle. Riche, comme souvent à Chaillot, cette saison l’est particulièrement cette année puisque s’additionnent reports et productions inédites, soit 246 représentations, 39 spectacles en une seule année. 

Les grands noms

Cette programmation est prestigieuse par les noms qu’elle engrange : ainsi à partir d’octobre, la chorégraphe brésilienne, très engagée, Lia Rodrigues, figure de la rentrée à Paris puisqu’elle sera à l’honneur du Festival d’Automne, présentera sa nouvelle création à Chaillot Encantado, et participera à un très beau projet collectif qu’à Transfuge nous attendons particulièrement : collectif avec Dominique Hervieu et Béatrice Massin, Les Fables à la Fontaine, destiné à la jeunesse, mais sans doute bien au-delà, offriront leurs visions des fables.

L’ouverture de saison est offerte à un chorégraphe depuis longtemps soutenu par Chaillot et Didier Deschamps, devenu sans nul doute l’un des grands noms de la danse française : Damien Jalet présentera Planet, avec le plasticien japonais Kohei Nawa. Leur dernière collaboration, Vessel, hymne à la matière, nous avait fait entrer dans un univers très étonnant, et d’une richesse folle. Celui-ci sera-t-il dans la même veine ? 

Quelques mois plus tard, La Veronal, le spectacle très attendu d’Avignon, en cour d’honneur, de Marcos Morau, offrira à son tour sur le plateau de Chaillot un univers très fort, réinvention de la tradition catalane. 

Les grands ballets seront aussi au rendez-vous, comme le Ballet de Lyon et William Forsythe, en juin, moment extraordinaire en perspective, ou Thierry Malandain et son ballet de Biarritz qui offrira une ambitieuse création Stravinsky. 

Enfin, nous serons particulièrement attentifs à la nouvelle création de Rachid Ouramdane qui viendra clore la saison en co-présentation avec le Théâtre de la Ville, Corps extrêmes. Hymne aux individus qui ne craignent pas le dépassement de soi, hymnes aux corps dépassés par leurs propres forces, cette création, présentée à Montpellier danse la semaine prochaine, inaugure peut-être une nouvelle ère pour le jeune directeur de Chaillot.  

Les promesses

Du côté des projets plus inattendus, Acosta Danza promet beaucoup : Carlos Acosta, danseur mondialement célèbre, offre avec sa compagnie quatre pièces signées de chorégraphes cubains, et de Pontus Lindberg.

Aussi lointaine, la venue de la Sydney Dance company fin mars, pour la première fois à Chaillot, s’annonce comme un évènement. 

Et puis les chorégraphes qui arpentent de nouveaux territoires : ainsi Archée de Mylène Benoît, variation sur les danseurs et les archers, le duo Aakash Odedra/ Hu Shenyuan ou le système Castafiore, projet fondé sur le numérique éveillent déjà notre curiosité. 

Découvrez l’intégralité de la saison en suivant ce lien.