Dans Thérèse, Alain Cavalier filme avec grâce le cheminement spirituel de sainte Thérèse de Lisieux. 

« Sortir de la nuit d’avant le cinéma, apprivoiser l’image qui va le caractériser de bout en bout, tant cette image est neuve, inédite, virginale. ». Ainsi Alain Cavalier définit-il son projet cinématographique au sujet de Thérèse Martin, quinze ans, carmélite à Lisieux en 1888, canonisée en 1925.  Composé de plans qui s’apparentent à des tableaux, Thérèse est une œuvre austère et lumineuse à la fois qui dépeint le cheminement de sainte Thérèse de Lisieux depuis son entrée au Carmel jusqu’à sa mort prématurée, à vingt-quatre ans à peine, de la tuberculose. Cavalier s’attache à montrer des gestes de tendresse, des actes de foi, et surtout l’enthousiasme d’une candide jeune fille éperdument amoureuse de Jésus Christ, son « bien-aimé qui frappe et l’appelle ». Une adolescente au mysticisme ardent, pleine de bouffées d’amour, qui n’hésite pas à multiplier les sacrifices pour sauver un condamné à mort : elle lit dans le journal qu’il a embrassé un crucifix avant l’échafaud, c’est un signe que Jésus lui a offert un don. Les raccords du cinéaste sur la nuque dénudée de Thérèse puis celle du condamné façonnent l’acte d’amour d’une âme fervente en quête de sainteté. « Je veux devenir une sainte en cachette. Personne n’en saura rien sauf lui, je n’aurais aucun mérite, ma mère. » Sa foi démesurée incommode la supérieure du couvent comme auparavant son désir d’entrer au Carmel à quinze ans incommodait toute la hiérarchie du clergé méfiant à l’endroit des femmes exaltées. « Le Carmel avec ses grilles, ses femmes prématurément vieillies, ses voiles noirs que l’on rabat sur le visage au moindre pas d’un homme, ses travaux d’aiguilles et de blanchisserie, ses cilices et ses flagellations, est montré dans sa nudité, tout en violence et douceur mêlées.

L’usage du son direct et l’absence de musique participent de la volonté de Cavalier d’écouter le bruissement de la vie monacale. Thérèse lave une ancienne, l’habille, l’embrasse, elle est éprise de joie mystique, elle écrit avec son sang puis de l’encre sa ferveur. Son écriture est filmée au plus près, elle deviendra ce fameux Histoire d’une âme, diffusé dans le monde entier après sa mort. Cavalier a enquêté et nous livre le fuit de ses recherches sous forme de toiles peintes, en portraits, tableaux de groupes et vanités — chaussures, chapelet, draps, linges et voiles. Dans un écran dépouillé d’ornement, il part en quête d’une révélation. L’autre révélation du film, c’est évidemment l’actrice Catherine Mouchet, éblouissante. Son regard habité, étincelant, rayonne dans des cadres serrés, épurés, qui cherchent à saisir la violence d’une passion qui se heurte souvent aux vexations et aux jalousies des autres religieuses, comme aux murs et grillages noirs d’une institution repliée sur ses certitudes. Avec une grâce sévère, Thérèse dévoile toute la beauté mystique, le mystère de l’amour christique à l’origine de la vocation d’une toute jeune fille. Un film en forme de prière.

Thérèse d’Alain Cavalier, avec Catherine Mouchet…Mediabook collector Blu-ray DVD, Tamasa

Retrouvez tout le catalogue de Tamasa films sur leur e-shop en suivant ce lien.