havre de paixRéunis par la mort de leur père, trois frères, conscrits dans l’armée israélienne, se retrouvent dans un kibboutz isolé. Ils entourent leur mère fatiguée, loin des conflits frontaliers. A fleur de peau et désoeuvrés,  ces soldats – interprétés par trois vrais frères dans la vie – expriment leur virilité de façon excessive. Ce qui, vu les circonstances, est pour le moins…inadapté. Voilà donc que les consciences vrillent et que les relations humaines se tendent. …. Grâce à une caméra nerveuse et agile, le réalisateur Yona Rozenkier rend perceptible aussi  bien les effets dévastateurs des non-dits que le stress post-traumatique. Foutraque et inégal, le film fait alterner séquences intenses et moments absurdes. Comme celui où, blasés, les vieux du kibboutz,  pour qu’on leur fiche enfin la paix, débranche l’alarme anti-aérienne. Un Havre de paix  offre aussi quelques belles scènes sensibles. Comme celle où, telle Une femme fuyant l’annonce de l’écrivain David Grossman, la mère offre un soir un dîner paisible à ses enfants, en les préservant le plus longtemps possible des nouvelles du front, qui vient de faucher la vie d’un de leurs copains.  L’opposition quasi permanente et pleine de testostérone entre ces frères traumatisés a certes quelque chose d’un peu appuyé, mais il faut avouer qu’on y croit, et que le climat de cette guerre sans fin est  bien rendue.