Succession de meurtres abominables au gode-couteau à cran d’arrêt dans le milieu du cinéma porno gay en 1979. Que Yann Gonzales situe le film en cette date fatidique n’a rien de surprenant : c’est la fin d’un âge d’or cinématographique et sexuel, avant le sida et la vidéo. Pour raconter son histoire d’enquêtes et de désamour lesbien dans un univers de Pigalle crade, il singe le porno gay d’alors, au point d’en reproduire la texture d’images sales, de jouer avec la pellicule. Il singe aussi l’extravagance gothique du giallo d’Argento et le conte poético morbide à la Georges Franju. Le cinéaste fait donc des manières avec un cinéma déjà maniériste : en résulte une oeuvre caricaturale, souvent risible, notamment quand Gonzalez devient soudain solennel avec ses excès de lyrisme outré et faussement délicat avec sa poésie d’étudiant romantique. Malgré quelques éclats parodiques bienvenus de comédie queer et potache, l’immense souci du film est d’abord de vouloir raviver sans grâce un imaginaire cinéphilique mortifère, lien morbide, onaniste et autocentré avec le cinéma dont nous pensions bien naïvement être enfin débarrassé.
Memento Films Distribution, sortie le 27 juin, Sélection officielle, en compétition