mumbaiLe Bombay d’Anurag Kashyap s’accorde à merveille avec l’apparence déliquescente de Ramana, serial killer possédé qui sévit dans les bidonvilles. N’importe quelles ruelle ou bicoque prend l’allure d’un coupe-gorge. Reléguant la sauvagerie des meurtres au hors champ ou jouant l’ellipse, le réalisateur se concentre surtout sur la mise en place des crimes. Organisé en plusieurs chapitres, The Mumbai Murders se focalise aussi sur Raghavan, flic davantage intéressé par la drogue que par la traque du psychopathe. Mais Kashyap réussit à conjurer ce cliché de flic badass en lui greffant une dimension presque occulte. Parce qu’avec son look de dandy déclassé, ses insomnies à répétition, son état de manque constant, Raghavan peut s’apparenter à une figure de vampire. Avec sa mise en scène âpre et sèche, le film s’affranchit ainsi de la simple représentation sociale et des codes balisés du thriller pour transformer Bombay en quelque chose de plus effrayant, car indicible.