MADAME BComme il le confie dans notre interview express (p.16), Jero Yun a misé gros, soit sa vie même, en décidant de suivre Madame B., une passeuse nord-coréenne naviguant entre deux familles. Discrète, sa caméra épouse la complexité de cette femme mystérieuse, qui s’impose vite comme un personnage fascinant. La première partie du film la montre en Chine, dans son quotidien avec son « mari » (un paysan à qui elle fut vendue par des passeurs), quelques jours avant un nouveau déplacement. La seconde partie, qui s’ouvre à la suite d’un périlleux voyage (le cinéaste et elle-même sont notamment arrêtés par les services de renseignement sud-coréens), la trouve chez ses deux fils et son ex-mari, qu’elle parvint à exiler à Séoul quelques années plus tôt. Mais même auprès des siens, ses échanges par Skype avec son compagnon chinois laissent comprendre que son coeur reste divisé. Madame B, histoire d’une Nord-Coréenne , au diapason de son héroïne, est un film qui se refuse le repos.