A priori, ce Woody-là, on le connaît par coeur. Celui moral, sérieux et métaphysique de Crimes et Délits, du Rêve de Cassandre, du surestimé Match Point. Seulement, pour la première fois, en comptant les heurts et crimes d’un vieux prof de philo blasé et nihiliste (Joaquin Phoenix), impuissant mais dragueur malgré lui d’une sémillante étudiante (Emma Stone, sa nouvelle sublime muse), Woody donne une légèreté inédite à cette veine tragique de son oeuvre. Jouant sur l’alternance des voix off, dans des cadres automnaux de Darius Khondji, Allen s’amuse à cerner les limites (morales) de la pure rationalité dans un petit polar classique et, une fois n’est pas coutume, au tempo plus blues que jazzy. Moins paresseux que Magic in the Moonlight et Blue Jasmine, L’Homme irrationnel est surtout une façon ludique pour Allen de se moquer de son personnage public de vieux misanthrope désespéré.
Mars distribution. Sortie le 14 octobre