délices de tokyoOn craignait le film-Nutella, le truc douceâtre et visqueux. Mais Naomi Kawase, avec sa vieille dame lunaire qui vient mettre son savoir-faire de magicienne des fourneaux au service d’un cuistot mélancolique, brasse une autre pâte que celle de l’ersatz synthétique marronnasse. Cette pâte de haricots rouges, d’abord, l’ingrédient-clef des beignets qui sont la spécialité de l’échoppe de notre cuisinier. Mais surtout la pâte cinématographique qui donne son homogénéité au film Le parti pris esthétique fort consiste à fondre dans une même texture tous les points de vue, comme si chaque personnage était solidaire de l’autre, de ce qu’il ressentait. Jeux de regards, passages de perspective d’un personnage à l’autre – tout concourt à unir la vieille dame, le cuisinier et la jolie lycéenne qui fréquente le resto. Les Délices de Tokyo , adaptation du roman de Durian Sukegawa (Albin Michel) sont merveilleusement équilibrés.