one kissRéalisateur, scénariste et écrivain italien, Ivan Cotroneo a fait ses gammes à la télévision et au théâtre, avec notamment une adaptation sur scène des Lois de l’attraction  de Bret Easton Ellis.

Avec One Kiss , il signe son troisième long métrage, un teen movie  énergique et flamboyant, tiré de son propre roman, qui aborde avec intelligence ses thématiques de prédilection, comme l’adolescence, l’amour, l’amitié, la famille. Le récit se déroule dans un lycée d’une petite ville du nord de l’Italie et explore la relation entre trois adolescents, considérés comme des parias par les autres élèves. Lorenzo est un orphelin homosexuel qui vient d’emménager avec sa nouvelle famille d’accueil. Exubérant, rêveur et studieux, il se créé un monde magique pour se protéger des autres et s’imagine une star en devenir, avec pour inspiration Lady Gaga. Blu est une séduisante rebelle, issue de parents aisés, qui relate sa vie dans son journal intime en s’adressant à son moi adulte. Elle tente de comprendre cette honte persistante qu’elle ressent après avoir eu, un an plus tôt, une relation sexuelle avec son petit copain et trois de ses amis.

Antonio est un joueur de basket, taciturne et introverti, qui ne parvient pas à exprimer sa colère face à des coéquipiers qui le prennent pour un idiot, et pour combler son désespoir, entame des discussions avec son frère mort dans un accident. Leur statut de marginaux a donc tout pour les réunir à l’école. Ensemble, ce trio devenu inséparable trouve le moyen d’exister dans ce monde qui les rejette et de faire bloc contre les bassesses, l’intimidation, les préjugés et l’homophobie. Mais cette bulle construite sur leur fragilité se complique dès lors que des sentiments s’immiscent entre eux – Lorenzo aime Antonio qui aime Blu – et que leurs actes de vengeance, contre l’injustice des autres, entraînent des répercussions dans cette réalité immuable. Si Cotroneo reprend les codes inhérents au genre, il parvient à se démarquer à travers une mise en scène exaltante, une esthétique pop et colorée, une poésie touchante, des chansons entraînantes, une musique composée par Mika, des interludes de danses en mode Glee  et une relation triangulaire qui rend hommage à l’esprit de Jules et Jim  de Truffaut. Il montre ainsi la beauté de leur amitié et aborde toute la complexité des relations, la dimension émotionnelle, l’emprise des réseaux sociaux et les travers du milieu scolaire, lieu d’apprentissage souvent cruel. Mais le cinéaste parvient surtout à trouver un juste équilibre entre la comédie et le drame. Son propos central – les conséquences tragiques d’un simple baiser – n’en devient que plus fort, jusqu’à même offrir en conclusion, et dans une volonté sans doute éducative, une scène alternative qui vient dédramatiser cette situation. One Kiss  se révèle ainsi un récit sur l’adolescence explorant avec pertinence les questions de l’identité, du consentement, de l’intégration, l’orientation sexuelle, la liberté d’être et, par extension, des rêves de cette jeunesse contemporaine, écrasée malgré elle par le poids des conventions sociales.