edenPaul, Stan, Cyril, Arnaud, Louise et les autres… Un groupe à géométrie variable, extensible et itinérant. Jeunesse parisienne et bohème chic, amitiés soudées et coeurs brisés. Un énième film de bande(s), qui balade son innocence et ses rêves sur une vingtaine d’années (de 1992 à 2013) ?Oui, justement, et c’est par là que le film de Mia Hansen-Løve rachète ses maladresses (Macaigne sous-employé dans un numéro de clown lassant, emplâtres de pathos sans subtilité ici et là…). Eden, c’est une chronique au long cours de la French Touch, où Paul (avatar du frère de la réalisatrice, qui fut lui-même DJ) joue les protagonistes et les Candide, lance son duo et connaît la descente douloureuse de l’échec. Mais nulle mythification de l’époque, de ses sons ou de ses rites : si on croise les Daft Punk, c’est sans casques – et ipso facto bien embêtés pour déjouer le barrage du physio. Ni petits génies surdoués, ni toxicos happés par leurs délires chimique : ils sont comme vous et moi ces inventeurs d’une nouvelle qualité française, tous ces concepteurs de l’étiquette French Touch, les Daft, Paul et le reste. Et si l’un se suicide, si l’autre dégringole, ces pics (ou plutôt ces gouffres) d’intensité émotionnelle restent tristement banals : dépression, gestion aberrante… Eden ordinaire. Qui donne peut-être à la French Touch toute sa résonance, au-delà de l’aspect générationnel : c’est la musique de tout un chacun. Ceux qui l’ont faite, ceux qui l’ont écoutée.