mystère jerome boschPourquoi Jean Eustache déjà, au siècle dernier, et aujourd’hui José Luis Lopez-Linares, sont-ils venus confronter leur caméra au Jardin des délices  de Jérôme Bosch, le tableau star du Prado ? Première réponse, évidente, le magnétisme du chef-d’oeuvre, le défi toujours renouvelé qu’il offre à l’interprétation. Le cortège des intervenants de luxe qui passent dans le film et devant le tableau, de Salman Rushdie à Miquel Barcelo, en passant par Cees Noteboom ou Orhan Pamuk, ne déroule pas une succession d’exégèses bien peignées. Vie du peintre, hypothèses théologiques, place du rêve ou de la musique, le foisonnement des interprétations n’est jamais verrouillé, la vue du Jardin des délices  remet toujours en branle la pensée, la quête de sens est ouverte. Mais on en revient toujours au centre névralgique : le regard du personnage de Dieu sur nous. L’oeil du créateur. Comme s’il n’était pas seulement question de puissance visionnaire – cette danse folle des corps et des formes qui se déroule sur les panneaux du triptyque – mais aussi de puissance – divine – de la vision. Soit la grande obsession de tous les cinéastes, la clef sans doute de leur fascination pour le tableau.