TERRE ET OMBREDoublement primé à la Semaine de la critique, La Terre et l’Ombrechronique la combust ion lente qui étouffe littéralement ses protagonistes. Dans une région de Colombie (celle de son réalisateur César Augusto Acevedo) où l’exploitation de canne à sucre sature l’air de cendres, le vieil Alfonso revient au chevet de son fils, qui agonise d’une maladie des poumons tandis que sa mère et sa femme s’épuisent en travaux agricoles. Plus attaché à cerner les relations complexes de cette famille elle aussi émiettée qu’à dénoncer un état de fait, Acevedo trouve un juste équilibre entre l’enfermement social, géographique et affectif qu’il décrit (calfeutrage des fenêtres obligatoire) et un découpage elliptique qui assure des trouées. Figure stylistique récurrente, un zoom lent qui, en fin de séquence, s’approche du personnage de dos pour le pousser à avancer ou au contraire l’épingler dans le décor emblématise la tension entre l’ancrage dans un territoire et la nécessité de le quitter – entre l’attachement d’une mère à son  fils et sa possessivité délétère.