supplicationEn adaptant le chef-d’oeuvre du Prix Nobel de littérature 2015, Svetlana Alexievitch, le réalisateur luxembourgeois Pol Cruchten ne s’est pas contenté d’une mise en image ou d’un simple documentaire in situ , à l’intérieur de la zone sinistrée de Tchernobyl (bien que le film ait été tourné sur place pendantl’invasion de la Crimée par les Russes). En plans fixes, tantôt informatifs, tantôt symboliques, en faisant alterner les voix intérieures sur des visages muets, il a donné un cadre pour permettre de mieux entendre les mots de chacun des témoins recueillis par Alexievitch. Il ne cède pas non plus à une esthétique de la ruine ou de l’horreur qui figerait à jamais le temps sur place à la date du 26 avril 1986, où eut lieu la fuite du réacteur. Au contraire, Cruchten baigne dans la lumière, le soleil et une nature grouillante les silhouettes, les maisons délabrées, les visages. Peintre du numérique, i l façonne avec ce f i lm extraordinaire une esthétique radieuse de la catastrophe.