lune de jupiterMal reçu à Cannes, le nouveau film du Hongrois Kornél Mundruczó vaut mieux que sa réputation. Certes le scénario improbable de la rencontre d’un jeune migrant syrien, Aryan (Zsombor Jéger), se découvrant un pouvoir de lévitation après avoir été blessé par la police des frontières et du Dr Stern (Merab Ninidze), médecin cynique voulant profiter de lui, ne manque pas de lourdeurs. On n’est jamais sûr de saisir ce qui pousse les deux hommes à s’associer, se séparer, se retrouver. Reste que La Lune de Jupiter est surtout un film prétexte à scènes d’action graphiquement inspirées. Chaque décollage du miraculé est pour Mundruczó une occasion de jouer sur la nature des images. Dans des prises de vue réelles se fondent des effets spéciaux les moins « visibles » possible. Il s’agit de rendre plausibles les lévitations d’Aryan en les observant de manière semi documentaire, et en nous faisant partager son point de vue en hauteur sur la ville, les hommes, la circulation. L’envol est une simple manifestation physique, pas une allégorie. Il faut prendre La Lune de Jupiter pour ce qu’il est, une fable fantastique, ambitieuse et naïve.