fieraDaphné, 17 ans, vit de rackets dans le métro et est arrêté. Elle purgera sa peine dans une prison pour mineurs où garçons et filles, s’ils ne cessent de s’observer mutuellement, vivent séparés. Parmi les gars, un retient particulièrement son attention, le beau Josh. Ce dernier ne la voit pas tout de suite comme un objet d’attention amoureuse, il a d’abord seulement recours à Daphné comme intermédiaire avec la fille qu’il fréquentait à l’extérieur. Mais forcément, ces deux-là ne se sont pas remarqués pour rien.

Fiore  a la grâce de ses futurs amoureux. Tous les deux très nerveux, Daphné et Josh doivent composer avec les règles de l’établissement, la promiscuité. La relation épistolaire qu’ils commencent à entretenir est soumise au risque qu’un message soit intercepté, qu’il tombe entre les mains d’une surveillante ou d’un codétenu malveillant. Car les autres garçons et filles ont un rôle à jouer dans cette histoire naissante : l’attirance entre les deux est évidente, elle suscite vannes inoffensives, regards insistants. L’enjeu du film pour Claudio Giovannesi, qui avant le tournage a pris le temps de fréquenter ces établissements, côtoyer ces jeunes détenus via des ateliers audiovisuels, tient dans le souci de rendre palpable ce lien romantique à travers les murs, les barreaux, toute cette architecture contraignante de la prison.

D’où des scènes d’une grande finesse, comme celle du soir du 31 décembre. Garçons et filles sont exceptionnellement autorisés à réveillonner. Programme des réjouissances : défilé, boum, feu d’artifice. Avant de se rejoindre, Daphné et Josh se seront longtemps regardés de loin. Délectation visuelle, jouissance à distance de la beauté de l’autre. Mais ils dansent néanmoins avec d’autres. C’est Irene (Klea Marku), la codétenue et meilleure amie de Daphné, qui subtilement rapproche les deux. En faisant la part belle à cette forme de timidité adolescente, Giovannesi rend le contact tardif entre Daphné et Josh d’autant plus émouvant.

Mais c’est une autre figure masculine, Ascanio (Valerio Mastandrea), le père de Daphné, lui-même repris de justice en liberté conditionnelle, qui influera de manière décisive sur le sort de la jeune fille. Autorisé à la prendre avec lui pour deux jours à l’occasion de la communion du fils de sa nouvelle compagne, il est partagé entre élans de complicité et embarras devant l’impossibilité de lui garantir « une vie normale » à sa sortie. Tout au long des scènes qu’ils partagent se lit une gêne qui explique en partie le geste final, absolument fou, de Daphné. C’est dans la large place accordée aux pulsions souvent inattendues de son personnage que Fiore  captive du premier au dernier plan. N’obéissant à nulle autre loi que celle de ses désirs, Daphné revendique son inconséquence, accompagnée par une caméra toujours à sa hauteur, à son écoute, quoi qu’il en soit. Romantisme là encore – celui de l’énergie débridée du désir.