corpo elettricoParadoxal Elias. Nomade mais urbain. Ce jeune citadin de Sao Paulo transite d’un univers à un autre : les employés de l’atelier textile où il dessine des modèles, les bras d’un ex pas si ex, un petit cénacle de drag queens exubérantes. Homo hédoniste, mais absorbé dans des songeries solitaires. Corpo Eletrico égrène des scènes de sexe d’une grande sensualité, mais feutrées de clairs-obscurs, alternant avec des scènes de la vie quotidienne. Telle celle, étirée, d’une journée solitaire, pluvieuse : étendre son linge, lire quelques pages en caleçon, déplacer quelques objets. Elias est une espèce de Bartleby qui n’aurait pas atteint le stade morbide et continuerait à travailler, ou un de ces personnages flottants de Modiano, moins le poids de l’histoire. Car Corpo Eletrico, et c’est le grand paradoxe, et aussi la grande réussite du premier long de Marcelo Caetano, c’est la chronique d’une solitude sans tragédie. D’un détachement qui n’a rien de dramatique. Comme une vie vécue en apesanteur : un peu triste, mais pas malheureuse. Une vie de sage.