high lifeCondamnés par la justice terrestre, une bande de criminels (mené par Robert Pattinson) qui n’a plus rien à perdre, accepte une mission consistant à aller puiser de l’énergie dans le plus proche trou noir de la galaxie tout en s’adonnant à des expérimentations sur la procréation puisque, sans reproduction, il serait impossible à l’homme de franchir les grandes distances cosmiques. Le nouveau film de Claire Denis raconte cette odyssée aux confins de l’espace, de l’espace-temps, dans un aménagement clos qui a été entièrement pensé pour répondre aux besoins de chacun et permettre au voyage de se dérouler sans trop de heurts. On notera ainsi la présence par exemple d’une fuck room pour que chacun puisse se faire jouir au mieux telle Juliette Binoche se contorsionnant de plaisir, dans des poses grotesques de sorcières dignes d’un manga, sur une chaise à bascule dotée d’un gode. Solitude des espaces infinis, réflexion sur les tabous (quasiment le premier mot du film), le suicide, le devenir humain, l’écologie, nos instincts, l’astrophysique, la paternité, Claire Denis ne manque pas d’ambition. Chaque séquence, chaque scène a ainsi été conçue comme une installation plus ou moins inspirée et donc très inégale. Chaque séquence fait figure en tout cas de happening ou de performance artistique à considérer indépendamment comme des pièces dans un musée. Le principal souci est d’avoir voulu prendre le pouls d’une lente, très lente odyssée, sans fluctuations de rythmes ou de registres esthétiques et toujours accompagnée par l’interminable même bourdonnement. L’idée d’un point de vue expérimental peut être intéressante, elle est à la vision assommante. High Life a beau accumuler les climax, le film est absolument dépourvu de toute intensité dramatique et de liants entre les séquences, sinon raccordées par de lourdes et pas toujours très riches rimes visuelles (le sperme à inséminer ressemble au lait maternel, lequel raccorde sur la bave de bébé). C’est en somme un fourre-tout d’idées graphiques tantôt ingénieuses (l’ouverture où le père parle depuis l’espace à son enfant) tantôt lourdingues (le vaisseau en forme de prison). Si le geste est beau dans le désert français, à force de chercher les clés d’une poésie cosmique, Denis plonge parfois dans des poncifs fumeux d’un modernisme ringard.