brotherC’est un film à l’image de ses lumières, à l’images aussi de ses plans sur le fleuve. Un film liquide. Ainsi Patric Chiha capte de jeunes corps à la virilité coquette, surjouée, au rythme d’un écoulement narratif qui est celui de la chronique : succession de saynètes qui semblent sortir de nulle part, et se clore sur ellesmêmes une fois épuisées. Mais ces corps qui se prostituent dans une Vienne pommelée par les lueurs de la nuit, aux ambiances très fassbinderiennes, dans des mini-scénarios très théâtraux, où la parole circule, très fluide elle aussi, où il est question, avec une liberté joueuse, de fric et de sexe, d’alcool et de clients, ne sont pas ceux d’acteurs, mais de jeunes Roms bulgares échoués à Vienne, qui se vendent, que le réalisateurs a rencontrés. Les cloisons docu/fiction ne sont pas intangibles, on le sait depuis longtemps, mais il est rare que ce flottement corresponde exactement aux perceptions du spectateur, à cette dérive du regard qui se perd dans la nuit viennoise, se laisse engloutir, comme on se noie, par les clairsobscurs.