Difficile de séparer Genesis Belanger, GaHee Park, Danielle Orchard et Elizabeth Glaessner. Ces quatre femmes se connaissent bien et sont à l’honneur chez Perrotin cette rentrée. 

      Face à l’atelier, du bleu et du blanc, bandes de mer et de sable fusionnelles qui caractérisent l’air sauvage et isolé du Cap Ferret, entre océan et bassin d’Arcachon. C’est dans ce paysage de fin de terre que les Américaines Genesis Belanger, Danielle Orchard et Elizabeth Glaessner et la Sud-Coréenne GaHee Park ont passé une partie de l’été dans la résidence d’artistes que la galerie Perrotin vient d’ouvrir. « J’ai imaginé un lieu où les artistes puissent prendre le temps de travailler, à leur rythme, au sein d’un environnement naturel exceptionnel, que certains visitent pour la première fois. J’ai découvert le Ferret en 1992 et n’ai jamais cessé d’aimer cet endroit depuis. De visites en séjours, entre amis et en famille, je me suis profondément attaché à cette région. Au fil du temps j’ai pu acquérir une propriété pour y installer à la fois ma maison et des ateliers d’artistes » explique Emmanuel Perrotin en soulignant « la magie du lieu », propice à la création. Premières à expérimenter ce site, les quatre artistes citées y ont imaginé et créé certaines des œuvres qui alimentent leurs expositions de rentrée à la galerie. En particulier des dessins pour Elizabeth Glaessner et Danielle Orchard qui ouvrent le bal avec deux solo-show en septembre – Genesis Belanger aura, quant à elle, une exposition du 15 octobre au 17 décembre. Il faut préciser que les trois femmes se connaissent bien, travaillant en voisine d’atelier à Brooklyn. Dans leur approche figurative, quoique de style très différent, sourd une réflexion sur la représentation de la féminité dans l’art, Genesis Belanger se jouant des codes de la publicité et des clichés du quotidien pour construire des saynètes en céramique au parfum satirique ; Danielle Orchard se servant des grandes références aux peintures de nus, en particulier celles de Matisse et Picasso, pour questionner le modèle féminin ; Elizabeth Glaessner convoquant ses troubles intimes au secours d’une peinture atmosphérique qui dilue ses traumatismes dans une acidité inquiétante. Ses visions spectrales et ses aberrations formelles avaient déjà happé notre rétine lors d’une exposition de l’artiste au printemps dernier au Consortium de Dijon. Ce premier solo-show chez Perrotin, où elle présente également des dessins, promet donc d’approfondir sa touche liquide, très psychanalytique, dont l’étrangeté hypnotique parle de ces corps d’enfants qui entrent non sans effort et sans effroi dans l’âge adulte. Et pour couronner ces actualités de la galerie reliées par l’amitié de ces quatre artistes, GaHee Park et Genesis Belanger ont la charge du commissariat de l’exposition collective Finger Bang (du 3 au 21 septembre) pensée comme une revendication de la main de l’artiste femme. « Les artistes contemporains affirment l’utilité et l’autonomie de la main féminine. L’activité de ces mains est une représentation directe de l’indépendance du corps et crée une rivalité dans ce qui a été considéré comme le domaine des hommes, de la maîtrise des outils à la prouesse sexuelle » assume le propos de l’exposition. En deux mots :  girl power.

Elizabeth Glaessner et Danielle Orchard. Du 3 septembre au 8 octobre. Galerie Perrotin. perrotin.com