André Breton prétendait que l’attente est magnifique, et son affirmation est devenue un truisme digne du bac – ça tombe bien, beaucoup d’enfants passent le bac en ce moment. Comme chaque année, pour celles et ceux ne l’ayant pas vue à Cannes, la Quinzaine des réalisateurs, reprise au Forum des images du 16 au 26 juin, génère son lot d’émois prospectifs devant un nom, un titre, une image, un dossier de presse. C’est même à ça que servent les documents des services de presse. C’est un art mineur comme autrefois la chanson, la bande-dessinée, il s’agit de provoquer l’attente, le désir. Tout de suite, le film et le réalisateur dont j’attends beaucoup, c’est Joao Pedro Rodrigues et son Feu Follet, son Fogo Fatuo. O Fantasma ou La Dernière fois que j’ai vu Macao m’avaient ébloui et j’espère l’être encore, me tenir dans la position de l’admirateur contemplatif, heureux d’être au fond d’une salle obscure. Il y a Les Cinq Diables de Léa Mysius. Ava, son premier long métrage, inaugurait un travail sur la perception, le corps, avec toutes les conséquences sur la manière de filmer. Il y a le De Humani Corporis Fabrica de Vénéran Paravel et Lucien Castaing-Taylor, une exploration du corps intérieur de l’humain, à travers la caméra médicale, celle des fribroscopies, etc. Toute cette micro-sélection est liée au corps et c’est normal, notre période est celle de la méfiance, celle où chacun suspecte l’autre d’atteinte à sa propre intégrité physique, un frôlement dans le métro, un regard dans la rue, et je souhaite à l’inverse découvrir lors de cette quinzaine un cinéma bourré de pulsions, de rencontres bouleversantes, loin des idéologies crétinisantes de l’époque.

Au Forum des images, du 16 au 26 juin.