Afin de célébrer en beauté sa fermeture très provisoire, le Centre Wallonie Bruxelles de Paris organise huit jours de passionnants chevauchements artistiques transdisciplinaires. 

Depuis trois saisons, le Centre Wallonie Bruxelles s’attelle à explorer notre environnement à travers le prisme du virtuel. Code is Law questionnait les données du web, la biennale Nova XX explorait la révolution sociétale numérique vue par des artistes femmes, Allez, Allez ! s’intéressait aux liens entre la musique et les arts visuels. La nouvelle phase de cette réflexion critique de la société se conclut par des invitations intenses à s’émanciper de l’espace physique du centre. Installations, performances, conférences, concerts, podcasts, projections de films d’artistes se mêlent et se rencontrent dans l’espace d’exposition, le jardin, le cinéma et le foyer, mais aussi ex-situ non loin de là, à la galerie Talmart, rue du Cloître Saint-Merri. Pour ce faire, les collaborations sont nombreuses : avec Arte Radio et son atelier de création radiophonique, avec le Générateur de Gentilly, lieu de production et de diffusion de performances, avec le festival sonore Ideal trouble, le distributeur de films LGBT Outplay Films et une quantité presque infinie de créateurs et artistes. 

Pour Stéphanie Pécourt, la directrice du Centre Wallonie Bruxelles, « notre monde est intriqué avec une infinité de mondes possibles. Les artistes requalifient la réalité au moyen de gestes de piraterie et d’autodétermination, leurs œuvres hackent les vraisemblances ». Sa terminologie fait écho aux utopistes du cyberespace dont elle s’est toujours sentie proche, comme elle le révélait dans une interview parue dans notre numéro de janvier dernier. L’exhaustivité de la présentation du programme étant impossible, voici un avant-goût de cet événement transdisciplinaire ambitieux. Côté galerie, l’exposition valorise l’éphémère, contre la sanctuarisation, l’usure contre l’esthétisation. Les artistes invités entament la destruction des lieux. Sabrina Montiel-Soto perce une saillie au marteau-piqueur dans le marbre. « Terminé le temps des écrins et des beaux matériaux », souligne Stéphanie Pécourt. Tatiana Wolska crée un organisme proliférant fait de rebuts et de chutes qui envahit l’entrée. Simon Nicaise va placer une lampe « éternelle » dans l’un des murs. La cour se transforme en Jardin d’écoutes de créations sonores radiophoniques dont l’étonnante production OBSCUUR de Lotte Nijsten & Gillis Van der Wee. Le cinéma accueille des films d’artistes dont ceux du professeur et savant fou belge Eric Duyckaert, le théâtre des lectures performées dont celles du collectif d’écriture queer RER Q. A quelques pas du Centre, la galerie Talmart présente le travail de Younès Baba-Ali. En s’emparant du réel et de ready-made, l’artiste s’intéresse à la transformation des sociétés à l’ère de la mondialisation, avec un focus particulier sur la question des migrations. Ces huit jours intenses, à l’identité complexe, à l’image de notre société, se clôturent par un bal rythmé par Les inapproprié.e.s que sont Véronique Hubert et Franck Lamy. Enjoy !

Les heures sauvages, Nef des marges dans l’ombre des certitudes.

Du 10 au 18 juin. Centre Wallonie Bruxelles, Paris.

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