Le festival Présences s’est clôt hier sur une soirée de créations, avec pour sommet le très beau L’œil du cyclone- Fantaisie-impromptu pour piano et orchestre de Tristan Murail, qui offrit au festival qui le célébrait un grand moment musical. Nul doute que cette figure de la musique spectrale, compagnon de route de Gérard Grisey, n’a pas perdu de sa force de composition.

Ce fut dans le recueillement et l’attente que se jouèrent les premières notes de la dernière création de Tristan Murail. Au piano, François-Frédéric Guy, autour de lui, l’ensemble Intercontemporain dirigé par Matthias Pintscher. Un moment qui toucha à la grâce, lorsqu’après la note finale émise par le clavier de Guy, Tristan Murail monta sur scène, sous les applaudissements d’une salle émue. Alors que depuis cinq jours, le festival Présences avait permis de réentendre les œuvres centrales de Tristan Murail comme Portulan, Le Livre des merveilles, Le Partage des eaux, ou le flamboyant Esprit des dunes, il fallut attendre ce dimanche 13 février pour découvrir L’œil du cyclone en création mondiale. Précédé de trois créations, dont une, spectaculaire, de Jonathan Harvey, ce nouveau concerto pour piano et orchestre couronna le festival. Et nous assura que Murail demeurait un artiste à l’énergie intacte. 

L’œil du cyclone s’inscrit dans la lignée du concerto Le Désenchantement du monde, créé en 2012 à Munich.Ainsi le dialogue entre le piano de Guy et l’orchestre de Pintscher se révéla d’une grande finesse : l’un répondant puis déjouant l’autre, au gré d’une sophistication aux sonorités aigues, à la fois pleine et délicate, immense ou réduite à quelques notes sur le clavier. Murail a dit de ce concerto qu’il le voulait plus fantaisie que tragédie, comme en témoigne le sous-titre, s’inspirant de Chopin, jusque dans la présence d’une cadence. 

Et en effet, les accents de Chopin sont là au piano, dans le jeu très habité de Guy. Pintscher de son côté dirigea un orchestre très en accord avec la musique de Murail, où la sensualité des cordes ne faillit pas, au gré du son Murail qui se poursuit, mais aussi de ce romantisme que le compositeur assume. Les spectateurs du 13 février avaient d’ailleurs pour certains pu entendre les créations au piano, la veille, par François-Frédéric Guy de deux pièces que Murail définit comme très proches de Liszt. Et ce XIXème semble très présent chez lui : n’a-t-il pas parlé dans Transfuge de Beethoven ? Ce dernier concerto permit sans doute à certains de saisir à quel moment Murail en est-il de sa réflexion avec la musique passée et présente. 

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