Clint Eastwood signe un nouveau film, Cry Macho, qui malgré quelques défauts, reste du très bon Eastwood.

Les histoires d’amitié entre adultes et enfants ont donné certains des plus grands films de Clint Eastwood, parmi les plus beaux du cinéma américain : Honkytonk ManGran Turino et surtout Un monde parfait, peut-être son opus le plus parfait, comme son titre l’indique. Ces récits d’apprentissage en miroir – où un homme usé renoue avec sa fougue d’antan tandis qu’un jeune grandit et découvre la violence du monde – offrent un écrin idéal à Clint pour réussir l’une des choses qu’il pratique mieux que personne : les ruptures abruptes de ton, les changements de registres d’une scène à l’autre, l’oscillation permanente entre la comédie et le drame, l’épique et le contemplatif, la douceur et la violence, la joie et le crépusculaire. Sur un mode apparemment mineur, plus débonnaire et nonchalant que jamais, Cry Macho semble dans un premier temps renouer avec cette veine. Mike (Clint, quatre-vingt-dix ans au compteur), un dresseur de chevaux, ancienne star du rodéo à la dérive, est chargé par un vieil ami d’aller récupérer son fils au Mexique et de le lui ramener. Les altercations entre Mike et la mère du gamin se font d’abord comiques, puis inquiétantes et enfin violentes quand Mike refuse ses avances. Clint réussit encore dans une seule et même séquence à passer d’un mode à l’autre, jusqu’à devenir inquiétant, au détour d’une réplique et d’un simple changement d’axe. Mais cette scène admirable est trompeuse. À partir du moment où Clint rencontre le môme, le film devient uniformément tendre. À l’inverse du portrait que sa mère – matriarche dénuée d’empathie – fait de lui, il n’est ni sauvage, ni indomptable comme les chevaux que maîtrise avec panache Mike. Le gamin est doux comme un agneau, sentimental au dernier degré, prêt à croire n’importe qui pour qu’enfin on cesse de le maltraiter et lui accorde un peu d’amour. Dès lors, la comédie western et le road-movie d’action virent au film pastoral, crépusculaire en diable, doux et tendre. Mike et le jeune s’installent dans une petite ville mexicaine où ils font la connaissance d’une veuve. Le vieil agnostique récite des prières. Son cœur blessé – sa femme et son fils sont morts dans un accident de voitures – se met à rebattre tandis que le gamin offre toute sa confiance à ce caustique grand-père de substitution. Quelques accords de guitare sèche, quelques derniers rayons de soleil accompagnent la reconversion sentimentale sans tapages des deux hommes qui deviennent les guérisseurs d’animaux de la contrée. Tout cela est fait avec une élégance et une simplicité de moyens qui laisse un peu béat. Néanmoins, assez rapidement, ce sentimentalisme devient tellement appuyé, redondant qu’il en devient pleurnichard jusqu’à un final qui cherche à tout prix nous arracher les dernières larmes. Demeure la sidération à continuer d’observer la continuelle épreuve du temps sur le corps et le visage de notre héros de toujours dans ce film de papi, certes épuré, attendrissant mais un peu roublard et dénué de réelles surprises. 

Cry Macho de Clint Eastwood. Warner. Sortie le 10 novembre

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