Reportée, décalée, allégée en raison de la pandémie, la Biennale de la Danse de Lyon 2021 s’est ouverte ce week-end sur un programme intense. Du défilé « marrainé » par le duo électrique Germaine Acogny-Fatoumata Diawara à la beauté noire du dernier Papaioannou, créé mondialement au TNP, c’est la capitale des Gaules qui se met à vibrer. 

Tout s’est joué à la dernière minute. Après l’annonce par le gouvernement, le 26 avril, de permettre aux salles de spectacle de rouvrir dès le 19 mai, la machine  de la Biennale de la Danse s’est emballée. En quelques jours, la plupart des spectacles ont été confirmés, le défilé s’est mis en ordre de marche. C’est donc avec une grande joie, que, le 1er juin au soir, Dominique Hervieu et Dominique Delorme, directeur des Nuits de Fourvière, ont ouvert le bal des festivals estivaux avec le show événement de Camille, mis en scène par Robyn Orlin. 

Manifeste écologique chanté, Alarm Clocks… a failli ne pas voir le jour. Les Phuphuma Love Minus, chœur de onze chanteurs et danseurs de Johannesburg, n’ayant pu venir en France, c’est donc autour de leur absence que la chorégraphe sud-africaine a retravaillé cette pièce sans danse, mais véritable performance a cappella mettant en exergue la voix si singulière de l’artiste française. En manque de concert, de spectacle, le public à l’unisson se laisse emporter, toucher par les facéties de la jeune femme, qui avec une certaine légèreté, pour ne pas plomber l’ambiance, aborde la thématique de l’eau, de la pénurie aux catastrophes climatiques. 

Prenant le pouls du monde à travers le regard scrutateur de différents chorégraphes, la Biennale de la Danse questionne, par une programmation éclectique, l’état de nos sociétés. Mettant en regard, dans le cadre de la saison Afrcica2020, des écritures et des esthétiques aussi différentes, que celle du grec Dimitris Papaioannou, du nigérian Qudus Onikeku ou de l’israélien Yuval Pick, la manifestation lyonnaise invite à une balade au cœur de la danse contemporaine, d’ici ou d’ailleurs. 

Bien que totalement subjugué par Transverse Orientation, véritable événement mondial et onde de choc de ce début de festival, il serait injuste de passer à côté du travail vivifiant de la compagnie HKC. En donnant la parole à cinq jeunes danseurs passionnés issus des quartiers sensibles de la métropole – que nous avons eu la chance de rencontrer en décembre dernier – , Anne Rehbinder et Antoine Colnot signent une œuvre rageuse, furieuse, qu’adoucit délicatement les chorégraphies ciselées d’Amala Dianor. Loin des projecteurs, ils imposent, avec Urgence, un style mâtiné de hip-hop, une force vitale qui emporte l’adhésion du public, qui salue la performance debout.

En marge du défilé haut en couleur que parrainent avec une belle générosité la danseuse Germaine Acogny, primée récemment pour l’ensemble de sa carrière, à la Biennale de Venise, et la chanteuse Foutamata Diawara, véritable bête de scène, cinq soli portés par des solistes du Ballet de l’Opéra de Lyon sont donnés aux Subs.

Ainsi, en un week-end, il fut possible de passer des danses tribales qu’exécutaient consciencieusement douze groupes d’amateurs aux mouvements, aux gestes précis, virtuoses produits par des années de durs labeurs. Tour d’horizon d’un monde en mouvement, c’est ça l’esprit de la Biennale.

Biennale de la danse de Lyon – Jusqu’au 16 juin. Retrouvez toute la programmation en suivant ce lien.