La prochaine édition du Festival de Marseille sera éclectique et pleinement estivale puisqu’elle s’étendra sur trois mois. Cette édition est également la dernière sous la direction de Jan Goossens. 

La pandémie a-t-elle eu une incidence sur la programmation ? 

La pandémie est terrible pour ceux qui en souffrent et pour le personnel soignant. En ce qui concerne le monde de la culture, on doit se demander comment être plus essentiels. La diversité et l’accessibilité pour tous sont capitales. La pandémie nous a permis de prendre des décisions auxquelles on pensait depuis longtemps, comme la mise en place d’un tarif unique, à dix euros, pour tous les spectacles. Elle nous a forcés à être plus clairs, en développant des liens plus forts avec la ville de Marseille. Nous sommes le Festival de Marseille, le point de départ, c’est donc elle et les artistes qui y sont installés comme Éric Minh Cuong Castaing, (LA)HORDE et Nach, mais aussi des musiciens comme Ahamada Smis. Les projets que nous soutenons montrent que Marseille doit être un espace d’échange et de solidarité. On a fait le choix de s’éloigner encore plus du centre-ville pour aller dans les quartiers extérieurs. Et d’instaurer une semaine en août pour que ceux qui ne peuvent pas partir en vacances puissent voir des spectacles… Il était aussi indispensable que les liens internationaux ne se fragilisent pas ainsi que de renforcer les liens avec le Sud, notamment en programmant des chorégraphes dont on voit peu le travail dans nos circuits comme Michaël Disanka de Kinshasa ou encore Nasa4nasa (Noura Seif Hassanein et Salma Abdel Salam), deux égyptiennes. La pandémie n’est pas juste une crise, c’est aussi une renaissance.

Nous serons tous dévorés par le feu de Radhouane El Meddeb est dédié à l’icône tunisienne Habiba Msika…

Le point de départ de cette création, c’est l’amour de la performeuse Malek Sebaï pour Habiba Msika. Cette juive tunisienne est une figure de la transgression des genres. Son influence est très importante sur la scène tunisienne. Malek Sebaï connait la force de son travail. C’est à la fois un hommage et une réinvention. Nous sommes en coproduction avec le festival Dream City à Tunis. Cela rend concret le fait que deux structures des deux rives puissent être ensemble. C’est un geste beau et important. 

Quel bilan faîtes-vous de vos six années à la direction du Festival de Marseille ? 
Je pense pouvoir dire qu’avec l’équipe nous avons changé l’ADN du Festival qui s’est transformé en festival multidisciplinaire de création.  C’est un véritable hub pour ce qui se passe entre l’Europe et le Sud ! Je crois que ce changement est clair et irréversible. En outre, les Marseillaises et les Marseillais y sont présents. Le décalage entre cette ville, ses artistes et ses institutions était très important avant. Cela évolue, ce n’est pas seulement grâce à nous mais c’est aussi grâce à nous et c’est ma fierté. On a beaucoup travaillé, on s’est battus. L’équipe, le conseil d’administration, la mairie, aujourd’hui tout est là pour renforcer ce chemin. 

Festival de Marseille, du 17 juin au 11 juillet, puis du 24 au 29 août dans le cadre de L’été Marseillais.

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