Adrien Grassard, auteur et comédien de vingt-quatre ans est le nouveau propriétaire et directeur du théâtre des Déchargeurs. Un pari audacieux pour ce Rochelais passionné de poésie. 

Pandémie ou pas, Adrien Grassard est un jeune homme affairé. Lorsque je lui téléphone pendant sa pause déjeuner pour cet entretien, il s’isole dans la cour des Déchargeurs où l’activité bat son plein. Car même si le théâtre n’ouvrait que la saison prochaine, le nouveau directeur a lancé de vastes opérations d’aménagements qu’il organise avec l’équipe du théâtre. Il y a quelque chose de revigorant en ce matin de mars à l’entendre parler de sa voix pleine d’enthousiasme. Adrien Grassard est jeune et il le sait. Pas du tout « du milieu » et il en parle avec franchise ; c’est avec une troupe amateur qu’il découvre le théâtre à La Rochelle, lorsqu’il a quinze ans. « On faisait des classiques légers, Feydeau, Labiche, les créations de la prof. Cela me plaisait beaucoup et j’avais envie d’en faire plus », m’explique-t-il. Alors il se rend à Paris, s’inscrit au cours Florent qu’il choisit « parce que c’était le premier qui apparaissait sur internet ». Et là « c’est la révélation, moi qui étais un cancre et avais peiné en bac pro vente, je me suis passionné, je voulais tout lire et tout le temps passer sur scène ».

Adrien Grassard se souvient avec émotion de sa découverte de la vie théâtrale. Un chemin un peu difficile lorsqu’on est « outsider », comme il dit. « Cela fait cinq ans que je suis porteur de projets, auteur et comédien, je vois bien que les jeunes ne sont pas assez représentés. Payer pour jouer c’est très agressif. Nos seuls espaces sont les lieux dédiés à l’émergence mais ce sont des nids qui nous enferment entre jeunes ». Aux Déchargeurs, il souhaite aider les jeunes compagnies à s’insérer du mieux possible tout en faisant se rencontrer les générations. Chaque soir coïncideront un spectacle d’une compagnie émergente avec celui d’une confirmée, pour que spectateurs et artistes se rencontrent. « Le théâtre doit être un lieu de transmission, comme la Cartoucherie, que les gens s’installent au bar et discutent après les spectacles ».

Le théâtre doit être un lieu de transmission, comme la Cartoucherie, que les gens s’installent au bar et discutent après les spectacles .

Les Déchargeurs proposeront des spectacles, des conférences, des expositions et des locations d’espace à prix modiques : salle de répétition, atelier costumes, espaces de stockage. Adrien Grassard n’a rien cassé, juste déblayé les caves. Pour autant le jeune homme- qui a fait un emprunt pour racheter le théâtre et conserver son équipe- ne veut pas faire du théâtre une « machine à cash ». « La location d’espaces du théâtre nous permettra de proposer aux compagnies de jouer sans apporter de minimum garanti » explique-t-il. Artistiquement, cet amoureux de la poésie- il en écrit beaucoup- souhaite la faire découvrir, en inscrivant sa programmation dans l’héritage de Vicky Messica, fondateur du lieu. Les Déchargeurs feront ainsi la part belle aux auteurs contemporains de théâtre, tout en mettant en avant, des chansons à texte, de la poésie, du slam et du rap. Adrien Grassard est confiant, rassuré par les conseils et la bienveillance instillés par la dizaine de directeurs et d’auteurs qu’il a rencontrée pour présenter son projet. Rendez-vous en septembre!

https://www.lesdechargeurs.fr