La BRAFA n’est pas seulement une plus accueillantes foires d’art : elle a aussi de la ressource. Témoin ce « BRAFA in the galleries » qu’est l’édition 2021. On a posé quelques questions à son président, Harold t’Kint de Roodenbeke.

Nous n’irons pas à Bruxelles – mais Bruxelles ira à nous, et plutôt 129 fois qu’une. Car la BRAFA, masquée, mais pas muselée, fait un pied de nez à la Covid et à sa propagation virale en se multipliant elle aussi. En essaimant dans les galeries participantes, 129, donc : in situ et dans leurs quartiers, elles accrochent un florilège d’œuvres qui, dans le monde parallèle où la BRAFA aurait lieu comme à l’accoutumée, auraient fait le voyage pour Bruxelles. Aussi peut-on, sans avoir à passer clandestinement les frontières, passer par exemple chez Taménaga à Paris pour s’arrêter devant un Dufy très « hockneyen », découvrir le Basque adoubé par Picasso, Paul Aïzpiri, ou encore les étourdissements colorés du très contemporain Tom Christopher. Et c’est en ligne, sur le site de la BRAFA, qu’on ira faire du lèche-stand virtuel pour voir un peu ce que proposent les consoeurs belges, allemandes ou suisses de Taménaga.

Comment cette « BRAFA in the galleries » a-t-elle vu le jour ?

On a vu le basculement en dominos des autres foires et, à partir du mois de juin, on a vu fleurir une série d’événements virtuels, comme les « viewing-rooms », mais en interrogeant les clients et les galeristes, on s’est rendu compte que le numérique n’est pas une solution pour le monde de l’art. Rien ne remplace le contact. Et pour recréer ce contact, on a dispatché la BRAFA. Accueillons nos clients dans nos espaces avec une sélection qui serait celle de la BRAFA, voilà ce qu’on s’est dit. Mais tous mes clients me disent, à la galerie, qu’ils ont hâte de revenir à la normale : la BRAFA est leur point de repère en début d’année. La foire reste un lieu de rencontres entre marchands et collectionneurs, et ça je ne crois pas qu’on puisse le remplacer.

J’ai été frappé en passant un peu au tamis les différentes œuvres montrées en ligne, chez Patrice Trigano ou chez Rueb Modern and Contemporary Art, par la présence des artistes contemporains…

Le nombre des amateurs et des collectionneurs d’art s’est multiplié avec le temps, et les œuvres d’art « disparaissent », en partie dans, les lieux qui leur sont destinés, fondations ou nouveaux musées. Dès lors, on note une certaine redirection vers l’art contemporain, où la production est instantanée et les galeries ont accès au premier et au second marché.

Autre période qui me semble avoir la faveur des galeries : l’après-guerre. Vous-même, dans votre propre galerie, vous montrez un Karel Appel de 1965 ou encore un Simon Hantaï de 1946… Pourquoi cet engouement apparent ?

C’est le marché qui dicte ses tendances, et l’une des tendances actuelles est l’après-guerre. La BRAFA et ses exposants suivent un peu les demandes du marché, qui vont de pair avec les grandes expositions autant à Paris, qu’à Bruxelles ou partout. Il suffit qu’il y ait une grande exposition sur Hartung ou sur Spilliaert, comme à Orsay, les gens le redécouvrent, ça crée un désir un d’acheter.

On a toutefois l’impression que l’après-guerre tient la dragée haute aux années 1900 – il s’agit pourtant de deux moments de l’avant-garde…

L’après-guerre est beaucoup plus tiré par l’abstraction et les nouveaux médias, et je pense que la façon dont les collectionneurs vivent aujourd’hui joue un rôle. L’architecture et le côté dépouillé des intérieurs ont amené vers à des choses plus gestuelles, parfois très vives de couleurs.

BRAFA in the galleries, du 27 au 31 janvier, https://www.brafa.art/fr/home