Vendredi 18 septembre. La 13e édition du festival Scènes ouvertes à l’Insolite du Mouffetard- Théâtre des arts de la marionnette battait son plein. Reportage alors que le festival se prolongera jusqu’au 22 septembre. 


L’ambiance était légère mais l’ombre du Covid planait dans la cour minérale du Théâtre Mouffetard, quelques minutes avant la première représentation de la soirée. La jauge réduite est complète, il y a une liste d’attente. Isabelle Bertola, la directrice du théâtre virevolte parmi les spectateurs, s’assurant en souriant que chacun est masqué. Le Théâtre aux Mains Nues, partenaire complice du Mouffetard, a fermé provisoirement à cause d’un risque de transmission du Covid. Une fermeture serait catastrophique pour le Mouffetard, son festival est un carrefour pour les programmateurs de spectacles et les artistes émergents. 

La soirée commence avec le spectacle 589 m de mémoires de et avec Pauline et Amélie Madeline. Sur scène des fils, quelques ampoules, la maquette d’une salle à manger, des rouleaux de papier. En scène, les deux sœurs s’interrogent : combien pèse un souvenir ? Comment restituer un souvenir ? En l’occurrence le souvenir de leur grand-père, propriétaire d’un cheptel de vaches en Normandie. « Chaque époque a sa chimère » affirme Amélie Madeline. C’est l’objet du spectacle. 

C’est leur première, « première » ensemble pour un spectacle de marionnettes. Et c’est par elles et des objets, véritables « machines à souvenirs » que jaillit l’émotion des souvenirs. Les sœurs Madeline les racontent à travers les objets et un enregistrement sonore, de 589 mètres de long de leur grand-père. L’une dessine avec la bande audio d’une cassette qu’elle colle sur un rouleau de papier, l’autre guide ses mouvements, en ombres chinoises. Elles découpent des vaches en papier qu’elles suspendent sur des fils. Mais la production augmente, le nombre de vaches aussi. Elles n’arrivent pas à suivre, font allusion aux dangers de la vitesse et de la production intensive. Les sœurs Madeline restituent ensuite avec délicatesse leurs aventures de petites filles dans la forêt, perçue comme une jungle, les pommes, les gouters à la ferme. Et la fabrication du Calva. Un travail sonore, très riche accompagne cette mise en scène ludique et artisanale d’une grande sincérité. 

Une heure plus tard, après quelques verres dehors, c’est l’immersion dans une toute autre ambiance avec Éclipse du et par le jongleur Léo Rousselet. Sur scène, une lampe, quelques balles blanches, un chandelier, des allumettes, une enceinte qui diffuse un tango rétro. Le beau jeune homme, faussement hésitant, joue avec l’ombre, la lumière et les balles, créant des ruptures de rythme, des accidents imprévus. Les accessoires se révoltent, les éléments (-e feu de ses allumettes, le vent de ses mouvements- et l’eau aussi. Tout lui échappe toujours un peu. Les rires fusent. Soudain, alors qu’il jongle, une fuite d’eau. Que faire d’elle sinon la boire ? Entre Mr Bean et Buster Keaton, Léo Rousselet signe une performance pleine de grâce, qui allie sans prétention magie et gaité, à juste titre très applaudie. 

Festival des Scènes Ouvertes, jusqu’au 22 septembre, Le Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette (avec le Théâtre aux mains nues)

Retrouvez l’intégralité de la programmation des Scènes Ouvertes à l’Insolite ici.