Deux artistes très inspirés, lauréats 2020 du Prix MAIF pour la Sculpture

C’est un duo d’artistes résolument tourné vers le futur qui s’est vu récompenser cette année par le prestigieux Prix MAIF pour La Sculpture. Le projet baptisé INTERNES, proposé par Grégory Chatonsky et Goliath Dyèvre constitue un vrai défi technique par l’usage inédit de l’impression 3D béton, associé à la réalité augmentée. Cet hybride mi-matériel mi-numérique sera développé dans les prochains mois pour aboutir à la production d’une sculpture en deux exemplaires grâce à la dotation de 40 000 euros et à l’accompagnement personnel offerts par la MAIF. Une somme d’argent précieuse pour faire aboutir un projet artistique basé sur les technologies innovantes, « l’objectif étant de voir ce que l’art fait à l’innovation plutôt que ce que l’art fait de l’innovation », comme l’explique le jury. De leurs côtés, Grégory Chatonsky et Goliath Dyèvre, les deux artistes visionnaires, expliquent la genèse de leur processus interactif : « Notre projet interroge la relation entre les humains, les techniques et le monde qui les entourent. INTERNES se présente comme la documentation d’un avenir où l’humanité serait parvenue à sortir du cercle de l’extraction, de la production et de la consommation en séparant la matière et de la forme par le biais de la réalité augmentée. »

Leur sculpture en béton et aluminium ne représente que le premier fragment d’un projet total. La naissance du monde INTERNES, en quelques sortes. Se voulant « un système fictionnel s’incarnant dans des formes matérielles selon un protocole interactif réactivable », ce premier fragment sera imprimé en béton, grâce à une technique d’impression 3D développée spécifiquement par les artistes pour ce projet. A partir de cette première réalisation, les autres fragments du monde se déploieront et pourront être exposés de façon autonome ou être assemblés dans un même espace selon une logique modulaire. « La logique d’INTERNES est donc double, poursuivent Grégory Chatonsky et Goliath Dyèvre, puisqu’il s’agit de sculptures uniques faisant partie d’un système sans fin ou presque, qui pourrait recouvrir la Terre comme une gelée grise ». Mais plus pratiquement comment cela fonctionnera-t-il ? « Chaque sculpture sera activée par le visiteur grâce à son téléphone portable, une augmentation virtuelle qui permettra de transformer l’oeuvre et de la compléter par une image numérique. Des modules complémentaires en aluminium seront posés sur ces fragments en béton. En les maniant, le visiteur verra apparaitre une forme organique en réalité augmentée. » Notons qu’en parallèle du Prix MAIF pour la sculpture, des performances et un film réalisés par Grégory Chatonsky et Goliath Dyèvre viendront ponctuellement compléter la narration de la sculpture et participer à son activation. A la croisée de l’art et de la science, de la réalité et du virtuel, le très excitant projet INTERNES risque de bousculer encore un peu plus notre regard et nos certitudes portées sur la création contemporaine.