musicOn ne sait pas si Morgan Neville, qui a déjà au compteur pas mal de films « musicaux », de Hank Williams aux Stooges, est un lecteur de Stendhal mais il confirme en tout cas l’intuition de l’écrivain : la musique est affaire de broderie. Pas seulement parce qu’il y a « silk  », la soie, dans le Silk Road Ensemble, cette dream team  de musiciens venus des quatre coins de la planète. Pas seulement non plus parce que Yo-Yo Ma (voir l’interview p.16), l’hyperactif violoncelliste, bon génie du projet a su tisser sous son égide des traditions apparemment aussi hétérogènes que la kamancheh, l’instrument de l’Iranien Kahyan Kahlor ou le pipa, ce luth chinois dont l’étourdissante Wu Man joue comme un Jimmy Page chez Led Zep. Mais parce qu’un motif se dessine au fil des répétitions et des concerts : celui d’un univers où les cultures loin de s’abolir dans un grand tout, ou de se retrancher, trouveraient un juste point d’équilibre entre idiosyncrasie et métissage. The Music of Strangers  ou comment l’esprit des Lumières est toujours vivant et en musique !