proiesS’attaquer aux Proies après l’adaptation de Don Siegel en 1971 était un pari risqué. Pourtant, la lauréate du Prix de la mise en scène au 70e Festival de Cannes s’affirme dans cette relecture, tirée du roman de Thomas Cullinan paru en 1966. Nous sommes en pleine guerre de Sécession. L’une des pensionnaires d’un internat de jeunes filles, isolé du monde, aide un déserteur yankee blessé à la jambe. Alors qu’il tente de se remettre de ses blessures, ces jeunes filles en fleurs succombent au charme de cet homme. Colin Farrell ne dégage pas le charisme de Clint Eastwood qui incarnait un personnage plus violent et cynique. La tension sexuelle et les rivalités, qui chargeaient l’atmosphère, sont aussi reléguées en arrière plan au profit d’une dose d’humour sournois qui offre une approche plus subtile. De même, cette guerre fait rage comme un écho lointain, écartée par une forêt qui ne laisse filtrer que les rayons du soleil. Coppola se focalise sur les femmes, ces proies en apparence fragiles, portées par un trio de stars (Nicole Kidman, Kirsten Dunst, Elle Fanning) qui transforme cette relecture en un huis clos plus féminin, féministe et émancipateur.