gardiennesIl y a au moins deux manières de voir Les Gardiennes, septième film de Xavier Beauvois en vingt-six ans. Première option: cette adaptation du roman de l’oublié Ernest Pérochon est un film d’un grand classicisme. Cette histoire de femmes amenées à gérer la ferme familiale en l’absence des mari, fils et frères partis au front durant la Première Guerre mondiale regorge de romanesque (deuils, amours, cruelles séparations…) Comme toujours, Beauvois sait s’immerger dans le milieu qu’ i l f i lme, accompagnant «les gardiennes» de la ferme du Paridier dans leur labeur quotidien. C’est la gestion humaine de cette petite entreprise qui fournit le second angle de lecture du film. Car parmi les femmes de cette famille s’est greffée une adorable intruse. Francine (Iris Bry, à suivre), orpheline, a été placée par l’assistance publique pour suppléer à l’absence des hommes. Se sentant presque adoptée, elle cède aux avances de Georges, le fils cadet qui revient régulièrement en permission. Les conséquences désastreuses de cet amour donnent au film une dimension plus intime. Les Gardiennes mue ainsi en récit d’une éclosion. Celle d’une jeune femme indépendante.