L’argument du roman de Thomas Hardy est connu. Une jeune héritière, Bathsheba Everdane, se trouve perdue ent re affirmation de son autorité de chef d’entreprise et affaires de coeur. Trois hommes, un de ses employés, un soldat et un riche propriétaire terrien, lui tournent autour. Cet aspect du roman, le trouble érotique, est celui que Thomas Vinterberg illustre le mieux. En héroïne féministe et dépassée, Carey Mulligan se révèle plus convaincante que jamais. Mais c’est bien Matthias Schoenaerts, désormais coutumier des films historiques, qui campe le plus beau personnage. Dans le rôle de Gabriel Oak, fermier déclassé embauché par une fille qu’il a connue pauvre, il s’impose très vite comme un amant évident. Dès les premières minutes, les face-à-face entre Bathsheba et Gabriel, guidés par une mise en scène littérale, sans esbroufe, trahissent une attraction qu’ils s’obstinent à juguler. La lutte des classes sur le mode du refoulement.