kiss and cryVoici un beau film hybride. D’un côté sont observés, dans une patinoire de Colmar, les exercices d’un groupe d’adolescentes dirigées par un entraîneur à la parole sèche, souvent humiliante. De l’autre, se distingue vite, parmi ces apprenties patineuses, Sarah, vecteur d’un teen movie assez juste et punchy, très incarné surtout. Comme toutes les jeunes filles de son âge, elle n’est pas insensible au charme des quelques beaux gosses du coin (une séquence drolatique d’échange de sextos le démontre avec une crudité inattendue). Elle aura ainsi droit à une première amourette où l’évidence du désir doit composer avec la « fierté » des garçons et filles de leur âge. Mais c’est sur son versant documentaire (vocation initiale des cinéastes, dont c’est le premier long-métrage de fiction) que Kiss and Cry séduit vraiment. Plus précisément dans la manière dont la caméra se laisse guider par l’énergie, la présence brute de Sarah Bramms, actrice naissante dont l’obstination obtuse ne manque pas de rappeler la Émilie Dequenne de Rosetta. Seule ou accompagnée, elle imprègne chaque scène d’un magnétisme prometteur d’autres belles histoires.