kamelC’est l’Eté indien chez Kamel Mennour. Flotte encore un petit parfum de vacances, de nonchalance, puisqu’apparemment rien n’unit les treize jeunes artistes présentés ici, tous poulains de la galerie. Alors on passe, capricieusement, librement, d’une très belle huile sur toile de David Hominal (Hands (1)) quelque part entre Fontana et Klein au labyrinthe de miroirs et de lampes d’Alicja Kwade (Between Glances). Médiums, dimensions : rien de commun. Pourtant, en s’arrêtant un instant devant le chaos coloriste de Liam Everett (Untitled (Raise high the Hour Glass)), comme une nébuleuse secouée de tourbillons et jetée sur la toile, en passant devant les Brown Flowers de Matthew Lutz-kinoy, où ce qui ressemble à une architecture de grands ensembles se laisse deviner en filigrane sous des corolles épanouies, on pressent que tous ces artistes, nés entre 1976 et 1986 réagissent à leur façon à quelque chose. Qu’on appellera faute d’un meilleur terme la complexité du monde contemporain. Le papillotement infini des reflets de l’identité (Alicja Kwade), les relations entre urbanité et nature, chacune hantant l’autre comme un spectre (Matthew Lutz-Kinoy) tout cela se glisse dans les oeuvres. « Se glisse », car, Eté indien obligeant, l’heure est sinon à l’hédonisme, au moins au bonheur, à la jouissance des derniers beaux jours, sans rien qui pèse. Il n’y a jamais rien de lourd ou d’appuyé ici : la jouissance de la forme, de la matière comme de la couleur, la griserie sensorielle, voilà ce qui donne à notre pas, lorsqu’on quitte la galerie, un allant tout estival.