colombierOn retrouve chez Le Feuvre & Roze, à l’occasion d’une exposition qui lui est entièrement consacrée, la patte si caractéristique de Julien Colombier. Découpe hardie et nette des formes, chromatismes élégants, satinés et éclatants, et toujours cette façon de travailler, au plus exact, dans leur poudroiement de noir, les zones d’ombres. C’est cela, qu’on appellera un style, qui est à l’oeuvre dans toutes ses jungles stylisées qui ornent les murs de la galerie. On a pu lui poser quelques questions – occasion précieuse de saisir, sur le vif, un artiste peut-être en transition…

Les motifs végétaux, les « jungles », dominent. Pourquoi ce choix ?

Ca vient sans des livres pour enfants. Et je cherchais aussi un sujet à portée universelle. Mais c’est d’abord, pour moi, un terrain de jeu, pour expérimenter les couleurs, les formes, les compositions. Il ne s’agit pas de parler de nature, mais plutôt de s’en servir comme d’un support pour la peinture. Il faut aussi dire que j’étais vraiment un citadin quand j’ai commencé, et il y avait quelque chose de poétique à créer quelque chose de végétal. Et quand j’ai voyagé, que je me suis retrouvé en Inde, je n’ai pas du tout eu envie de la dessiner : la jungle se suffit à elle-même.

Il y a un aspect sériel, quelque chose comme un jeu de variations…

Ca vient naturellement. Quand je fais un tableau, j’en fais quatre ou cinq dans le même esprit, avec les mêmes couleurs. Je suis assez fasciné par le côté support/surface. Même si ce sont des feuilles parfois assez illustratives, je plaque, plaque et replaque. Je travaille un peu comme en musique électronique : là il y a une sous-couche qui donne un ton général, un battement qui vient scander le tout. Je fais souvent le parallèle avec la musique électronique. 

Techno, breakstep, dubstep ?

Non, j’ai plutôt une culture hip-hop. Disons que ce serait plutôt de l’ordre de la French Touch.

A côté des jungles, on observe aussi d’autres motifs prendre place chez vous…

J’ai aussi eu envie des faire des choses plus abstraites, des choses plus minérales, des pierres qui volent par exemple. Le titre de l’exposition, Messing with the Blue est un clin d’oeil à Messing with the Blues de James Brown. Ce sont surtout les jungles qui marchent dans mon travail, ce qui me laisse un peu mitigé : j’en ai marre et j’adore ça à la fois. D’où le titre qui fait référence à mes oeuvres bleues qui ont plus de succès que la moyenne, et qui est aussi une façon de dire qu’il est, peut-être, temps de passer à autre chose

Exposition Julien Colombier, Messing with the Blue, Le Feuvre & Roze, jusqu’au 7 décembre