klimt

C’est un fantasme lancinant, vieux comme le premier coup de pinceau ou de burin : passer le seuil de l’oeuvre d’art. Y rentrer, l’habiter, comme Virgile fait pénétrer de plain-pied son lecteur dans les scènes figurées du bouclier d’Enée. Et c’est à Paris, aujourd’hui, dans l’enceinte littéralement brute de fonderie – le lieu est une ancienne fonderie, justement – de l’Atelier des lumières, qui vient tout juste d’ouvrir ses portes, que le rêve prend corps. Ou plutôt se déploie, se projette. Car on est au coeur d’une lanterne magique 2.0. L’expo, ou pour mieux dire le programme, Gustav Klimt mobilise toutes les ressources du numérique. Manipulations d’échelle : splendidement agrandis, les détails, paysages et figures des tableaux du Viennois prennent l’ampleur d’immenses tapisseries virtuelles défilant sur les murs, s’étirant sur le sol. Rendu à la fois fidèle et chatoyant : chaleur des ors et des cramoisis, sinuosités organiques des linéaments du dessin. Comme une caverne platonicienne, kaléidoscopique. 

Et si Klimt happe le spectateur dans une bulle colorée comme un joyau serti dans une bague Art nouveau, la petite salle du Studio, elle, accueille les formes mutantes en noir et blanc du collectif interdisciplinaire Ouchhh. POETIC_AI c’est le nom de code de l’installation. Code, parce que ces images qui se succèdent en un flux souple et varié sont enfantées par un algorithme. Code, parce que POETIC_AI est un sésame qui nous permet de rentrer, comme chez Klimt, dans un monde de formes et de surfaces mouvantes. Comme la clef d’un songe – un songe tout éveillé, dont il suffit de pousser la porte de l’Atelier pour faire l’expérience.

Expositions Klimt, Hundertwasser, POETIC_AI, à l’Atelier des lumières, jusqu’au 11 novembre