editoC’est un numéro tout à fait exceptionnel que ce Transfuge juin-juillet. Exceptionnel car Clint Eastwood, habituellement avare en interviews, nous en a accordé une, exclusive, sur le tournage de son prochain film, Jersey Boys. Notre correspondant à Los Angeles, Jean-Paul Chaillet, a passé une journée, une des dernières, à voir et comprendre comment Eastwood, surnommé le Boss par son équipe, organise ses tournages. Concrètement. C’est le dix-huitième tournage du réalisateur auquel notre correspondant assiste. Une confiance s’est installée entre eux. Eastwood, qui n’aime pas les vagues ni le bruit (malgré une certaine surdité), sait que Chaillet se tiendra bien. Tout le monde doit bien se tenir devant le Boss de quatrevingt- quatre ans, sinon vous quittez le plateau. Sur-le-champ. Chaillet me racontait qu’il était sur le tournage de Mystic River (une de ses plus belles oeuvres) et que Sean Penn, caractériel bien connu et diva, faisait beaucoup, beaucoup de caprices au commencement du film. Le Boss vint le voir et lui dit de se calmer illico. Qu’il était remplaçable et qu’il trouverait facilement quelqu’un d’autre pour le rôle. Penn ne moufta plus du tournage. Eastwood, dans l’entretien, apparaît nostalgique (« Nous vivons une époque merdique »), mais il faut dire que ce magnifique raconteur d’histoires, à la façon classique, sait rendre les époques antérieures (rappelez-vous le diptyque Mémoires de nos pères et Lettres d’Iwo Jima sur la guerre dans le Pacifique entre Américains et Japonais, avec cette lumière du chef op Tom Stern). C’est l’essentiel. Et il y a fort à parier que le film Jersey Boys rendra les années cinquante et la vie de ce célèbre groupe de pop, les Four Seasons, avec brio.
Je vous souhaite à toutes et à tous un bel été, de lectures et de visionnages, loin du cauchemar frontiste de ces derniers jours.